Union ou Empire ? L’Union européenne doit-elle encore s’élargir ? - Collège Belgique

Date :
06/05/2021
Lieu :
En ligne, sur Youtube
Prix :
Gratuit

Fondée par 6 pays, l’Union européenne en compte maintenant 28.
Même si elle risque de perdre le Royaume Uni, deux États des Balkans, la Serbie et le Montenegro, négocient depuis quelques temps déjà leur adhésion. Deux autres, la Macédoine du Nord et l’Albanie, pourraient bientôt les rejoindre tandis que les deux qui restent, la Bosnie et le Kosovo, entendent bien adhérer eux aussi un jour l’Union, comme on le leur a promis quand la guerre de Yougoslavie s’est terminée. L’Union négocie aussi depuis 2005 avec la Turquie, même si l’élan s’est brisé lorsque ce pays, charnière entre l’Europe et l’Asie, a choisi une voie autoritaire pour défendre sa place sur la scène mondiale.

L’élargissement progressif de l’Union ne s’est pas opéré dans un esprit impérialiste mais avec le souci de consolider la paix et la stabilité du continent. Il a commencé par réunir la plupart des pays d’Europe occidentale puis, après la fin de la guerre froide, les pays d’Europe centrale pressés de partager la prospérité et la stabilité assurée par l’Union. C’est ce qui motive aussi les pays des Balkans en ce moment. Du côté des pays fondateurs, l’enthousiasme a été grand de consolider la démocratie en Grèce, en Espagne et au Portugal et, au moment du grand élargissement à l’Est, un effort substantiel a été fait pour adapter les institutions au doublement du nombre d’états membres.

L’Union toutefois a souffert comme le reste du monde des défis du nouveau millénaire. Crise financière de 2008, crise de l’Euro en 2010, défi de l’immigration massive en 2015, retour du nationalisme et du populisme, remise en cause, dans certains nouveaux États membres, des valeurs qui ont fondé l’Union, relâchement du lien transatlantique, doutes puis rupture avec le Royaume-Uni. Ces épreuves ont amené une partie importante de l’opinion à souhaiter l’arrêt du processus d’élargissement, et la concentration des efforts sur l’approfondissement.
Par ailleurs, l’objectif final de l’élargissement n’a jamais été clairement défini. La Russie, qui a dû subir le démantèlement de son empire, en a été profondément humiliée. Le rêve d’une "maison commune européenne" n’a pas survécu au départ de Gorbatchev et une dangereuse zone grise s’est créée entre elle et l’Union, avec, à l’intérieur, des pays déchirés, amputés, balancés d’est en ouest au gré des élections et des interventions de leurs voisins. L’Ukraine et la Géorgie aujourd’hui voudraient rejoindre l’Union mais on se contente de les associer, avec d’autres États tampons, à la "politique de voisinage’" et au "partenariat oriental", des constructions diplomatiques conçues pour les maintenir a distance.

La question qui domine, en réalité, est celle de la relation avec la Russie, à propos de laquelle les membres de l’Union sont divisés. Est-il possible de faire la paix avec le président Poutine ? Ou sommes-nous condamnés a en revenir à une guerre froide d’un type nouveau, entrave à la globalisation vers laquelle l’Union nous servait de tremplin ?

Cette question doit être traitée non seulement au niveau européen mais en liaison avec les États-Unis qui demeurent notre protecteur. Mais les États-Unis eux-mêmes vivent leur crise de retour au nationalisme et à l’égoïsme national. Le principal concurrent avec lequel ils souhaitent en découdre est la Chine. Sommes-nous condamnés à seulement compter les coups ? Ou pouvons-nous jouer un rôle positif au service d’une globalisation bénéfique à tous ? L’élargissement à l’Est et la relation avec la Russie doivent aussi être vus dans cette perspective de la rivalité entre les nouveaux "empires" mondiaux.

 

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