Dire la guerre, construire la paix - retour sur l'événement

Enfant d’Internet, Afrah Nasser était citée en 2013 par la BBC comme l’une des « 100 femmes au monde à changer la couverture média du monde ». Grâce à son blog, son « mégaphone vers le monde », elle travaille à faire changer la perception qu’on peut avoir du Moyen Orient et de la situation au Yemen en s’exprimant elle, enfant du pays, pour porter à l’agenda d’autres problématiques que celles dictées par les médias traditionnels.

Grâce au transmedia et à l’avatarisation, Karim Ben Khelifa nous invite lui à entrer dans l’univers des combattants par la porte de l’humain : en passant du photojournalisme de guerre à la réalité virtuelle, il nous fait accéder ainsi à une dimension supplémentaire, celle de l’écoute du vécu de ces combattants israélien, palestinien, hutu, tutsi, salvadoriens, de l’empathie et qui sait, celle de l’engagement grâce à un travail de médiation de fond.

L’avènement des nouvelles technologies et leur potentiel d’ « empowerment » nous mène aujourd’hui à revisiter l’utopie d’hier.

Les fondateurs du Mundaneum, les Belges Paul Otlet et Henri La Fontaine, avaient entrevu cette révolution de l’information dès la fin du 19ème siècle. Leur cheminement est une invitation à observer le présent à la lumière du passé : là se situe clairement le message porté par la Fondation Henri La Fontaine dans notre ère devenue celle de la « post-vérité ». « Contrairement à la guerre, la paix n’est pas un état naturel mais une construction » martèle Jean-Pol Baras. Et l’accès à « toute l’information du monde » en pleine accélération doit nous amener à nous poser les bonnes questions.

Comme le fait Debi Cornwall à travers « Welcome to Camp America ». Quelques mois après l’investiture de Donald Trump, alors que germent les pousses d’un ‘Printemps américain’, la photographe originaire du Massachussets au passé de juriste nous ouvre les portes de l’univers du centre de détention militaire de haute sécurité « Guantanamo ». Avec humour noir, elle nous invite à explorer cet endroit « où personne n’a choisi de vivre ». Un lieu de détention hors de tout cadre juridique, l’un des endroits les plus médiatisés et dont paradoxalement, on ignore tout de la dimension humaine…

 

Nous rejoignait pour conclure avec force et humanité Rityh Panh, sur le travail de mémoire qu’il mène depuis des années. Interné à l’âge de 11 ans dans les camps de travail khmers, il se veut aujourd’hui être un passeur de mémoire, en dette vis-à-vis de ceux qui ont disparu durant le génocide – 1.8 millions sur 8 soit près d’un Cambodgiens sur 4. « Après la guerre, choisir la poésie et semer, pour les générations à venir ».